Oreille qui siffle

Avoir une oreille qui siffle : c’est une expérience que l’on a tous fait au moins une fois. Les sifflements d’oreille sont en effet un trouble assez fréquent, pouvant survenir de façon transitoire de continue. Généralement bénins, ils peuvent avoir de multiples causes.



Oreille qui siffle, comment la reconnaître

Qu'est-ce que c'est ?

Il s’agit d’un bruit parasite que la personne entend alors qu’il n’y a généralement pas de source auditive réelle. Ce sifflement peut être perçu dans une oreille ou les deux, de façon occasionnelle, intermittente ou continue.

Pour qualifier ces bruits parasites qui peuvent prendre différentes formes outre le sifflement – bourdonnement, martellement, cliquetis… - on utilise le terme générique d’acouphènes. On distingue les acouphènes objectifs, très rares, liés à un bruit réel et mesurable, et les acouphènes subjectifs, beaucoup plus fréquents.

Certaines personnes atteintes de sifflement d’oreille souffrent également d’une hyperacousie, à savoir une intolérance aux bruits forts ou ont une perception forte de sons perçus normalement comme faibles.

Les facteurs de risque

Certaines personnes sont plus sujettes à développer des sifflements d’oreille :

  • les personnes âgées, en raison de la détérioration physiologique des mécanismes de l’audition avec l'âge ;
  • les hommes, plus touchés que les femmes par ce type de symptômes ;
  • les personnes exposées au bruit de par leur profession notamment.

Le stress n’est pas un facteur de risque, mais il peut augmenter la perception de de ce sifflement et donc aggraver son impact sur la qualité de vie.

Les causes des oreilles qui sifflent

De multiples causes peuvent être à l’origine de ces sifflements d’oreille temporaires ou continus.

L’exposition à une source sonore très forte

Après l'exposition à un fort bruit (concert, soirée en discothèque, etc), il arrive de percevoir des sifflements dans les oreilles. L’exposition à un bruit trop intense (2 heures dans un environnement sonore atteignant 91 dB ou 15 minutes à 100 dB) entraine en effet une fatigue auditive se traduisant par une légère baisse de l’audition, une sensation d’oreille bouchée, des sifflements ou bourdonnements. Tous seront généralement transitoires, le temps que les cellules auditives de l’oreille récupèrent.

Suite à un son violent ou un choc

L'exposition à un son violent ou un choc peuvent entrainer une atteinte irréversible de l'oreille interne, avec ou sans perforation du tympan. Un saignement d'oreille peut alors survenir, accompagné de sifflements et parfois des vertiges. Ce type de traumatisme auditif est une urgence, et nécessite de consulter un spécialiste sans tarder.

Un bouchon de cérumen

Il arrive que le cérumen s’accumule dans le conduit auditif et crée un bouchon pouvant être à l'origine de sifflements, bourdonnements d’oreille, sensation d’oreille bouchée, baisse d'audition transitoire, démangeaisons, voire douleurs dans l’oreille.

La formation d’un bouchon de cérumen est favorisée par un nettoyage inapproprié et répété des oreilles au coton-tige, des baignades, l’utilisation fréquente de bouchons d’oreille et le port d’appareils auditifs, mais aussi certaines particularités anatomiques (forte production de cérumen, forte pilosité dans le conduit auditif externe qui empêche le cérumen de s’évacuer correctement, conduit auditif de faible diamètre).

L’hypertension artérielle

L'hypertension artérielle se caractérise par une pression anormalement forte (supérieure ou égale à 140/90) du sang sur la paroi des artères, même au repos ou en l’absence de stress.

Les sifflements et bourdonnements d’oreille font partie des symptômes de l’hypertension artérielle, aux côtés des suivants : maux de tête, vertiges, palpitations, saignements de nez, engourdissement ou fourmillements dans les mains ou les pieds. La forte pression sanguine rend le flot sanguin plus audible, d’où ces acouphènes dits pulsatils. D’autres pathologies touchant les vaisseaux sanguins peuvent également être à l’origine de ces acouphènes pulsatiles : athérosclérose, anomalie des capillaires, de la carotide ou de la jugulaire.

La perte d’audition due à l'âge

Des sifflements et autres acouphènes peuvent être le signe précurseur d’une perte d’audition, notamment chez la personne âgée. On parle de presbyacoutie.

Une anomalie de l’oreille interne

Une malformation vasculaire, des contractions musculaires anormales, une lésion de la cochlée (partie de l'oreille interne où se trouve l'organe récepteur de l'audition, l’organe de Corti) peut être à l’origine de sifflements qui seront objectifs, c’est-à-dire réels et mesurables.

La prise de certains médicaments

Certains médicaments pris au long cours sont ototoxiques : ils sont potentiellement toxiques pour les oreilles. Ils peuvent endommager les cellules de l’oreille interne et entrainer, entre autres désagréments, des sifflements. Certains sont des ototoxiques définitivement prouvés : il s’agit principalement d’antibiotiques, de diurétiques, des salicylates (aspirine et drogues apparentées), de drogues ordonnées contre le paludisme et d’anticancéreux. D’autres sont potentiellement ototoxiques en particulier après un usage prolongé ou à hautes doses ; c’est le cas de l’Ibuprofen (Advil, Nurofen), de la quinine ainsi que de certains anti-dépresseurs comme l’imipramine (Tofranil).

La maladie de Ménière

Cette maladie, dont la cause reste à ce jour inconnue, se manifeste sous forme de crises associant différents symptômes : sifflements ou bourdonnements d’oreille, vertige intense et soudain, perte auditive partielle, étourdissements, pertes d’équilibre, mouvements rapides des yeux.

Autres causes

De nombreuses autres causes peuvent être à l’origine d’un sifflement d’oreille : une otite moyenne, une otosclérose, un traumatisme crânien, un torticolis, une obstruction du canal auditif, etc.

Parfois, aucune cause n’est retrouvée.

Risques et complications de l'oreille qui siffle

Complications associée à la cause du sifflement d'oreille

Un bouchon de cérumen peut entrainer une baisse transitoire de l'audition.

L’hypertension est un important facteur de risque maladies cardio-vasculaires, insuffisance rénale, lésions de la rétine.

S’il s’agit d’un problème au niveau de l’oreille interne, la complication à craindre est la perte de l’audition. Idem suite à un choc ou l'exposition à un son très violent, qui peut altérer de façon définitive l'audition.

Altération de la qualité de vie

Les acouphènes en soi ne sont pas dangereux, mais lorsqu’ils sont intenses et continus, ils peuvent devenir très invalidants au quotidien et avoir un véritable impact sur la qualité de vie. En plus de provoquer insomnie, irritabilité et troubles de la concentration, ils sont parfois associés à la dépression.

Traitement et prévention de l'oreille qui siffle

Le traitement de l’oreille qui siffle sera celui de la maladie ou du problème sous-jacent, si toutefois ils sont identifiés. 

Le bouchon de cérumen peut être retiré par le médecin ORL, en cabinet. Pour le prévenir, il est conseillé d’éviter d’utiliser des coton-tiges . Un simple nettoyage du conduit externe, à l’eau ou avec un coton, suffit.

Pour prévenir les sifflements d’oreille consécutifs à une exposition sonore trop intense, il est conseillé de porter des bouchons d’oreille et de rester loin des enceintes lors des concerts. Après exposition à une source sonore intense, il est recommandé de se reposer dans le silence pour laisser ses oreilles récupérer.

Suite à un traumatisme auditif, une consultation en urgence s'impose (dans les 48 heures maximum).  Un traitement médicamenteux délivré par voie orale ou intraveineuse doit être instauré rapidement pour donner les meilleures chances de récupération de l'audition et limiter les acouphènes.

L’hypertension sera traitée avec des hypertenseurs.

Certaines anomalies de l’oreille interne peuvent être traitées chirurgicalement.

En cas de sifflements d’oreille persistants et dont la cause demeure inconnue ou impossible à traiter, différents techniques existent :

  • le générateur de son blanc : cet appareil diffuse, dans l’oreille atteinte, un son blanc à faible volume, permettant de masquer le sifflement ;
  • le port d’un appareil auditif ;
  • la thérapie thérapie cognitivo-comportementale ne permet pas de supprimer complètement les acouphènes, mais elle améliore la façon dont le patient les perçoit et y fait face, avec une amélioration importante des scores de dépression et de la qualité de vie, selon une méta-analyse.
  • la Thérapie acoustique d’habituation (TAH) ou Tinnitus Retraining Therapy (TRT) consiste notamment à reprogrammer son cerveau afin qu’il filtre les sons de façon sélective, ce à l’aide de différents outils comme des techniques de relaxation et de diversion de l’attention, etc. 
Rédaction : Julie Martory
Journaliste
Mai 2019

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